Lucien Clergue
Une approche intime et marquée par l’histoire personnelle
Pour Lucien Clergue, la photo de famille n’est pas un simple souvenir figé, mais un acte profondément lié à son histoire et à ses émotions. Dès l’enfance, la photographie est associée à sa mère, qui lui offre son premier appareil photo à l’âge de treize ans. Il commence alors par photographier ce qui lui est cher : sa mère et son violon, témoignant d’une volonté de conserver la trace de l’intime et du familial dans un contexte marqué par la précarité et la perte. La maladie puis la mort de sa mère marquent durablement son regard, l’amenant à explorer à travers ses images les thèmes de la disparition, du deuil et de la mémoire familiale.
La photo de famille : entre mémoire et expression artistique
Clergue ne considère jamais la photographie comme une simple reproduction du réel. Pour lui, même la photo de famille devient un moyen d’expression artistique, un langage visuel qui permet de structurer le chaos des souvenirs et de donner forme à l’émotion. Il s’éloigne ainsi de la photographie humaniste traditionnelle pour proposer une vision plus conceptuelle et subjective, où chaque image familiale est investie d’une puissance poétique et symbolique.
La mère, figure centrale et fil conducteur
La figure maternelle occupe une place centrale dans sa perception de la photo de famille. Une petite photographie de sa mère trône toujours sur l’étagère de son atelier, signe d’un attachement indéfectible et d’une volonté de maintenir vivant le lien familial par l’image. La photographie devient alors un moyen de résistance à la mort, un acte de renaissance après le chaos d’une enfance marquée par la perte.
Certaines photographies donnent une structure, d’autres une nuance et toutes expriment visuellement une capacité à rebondir, une renaissance après le chaos d’une enfance désenchantée confrontée très tôt à la mort, particulièrement à celle de sa mère.
Pour Lucien Clergue, la photo de famille n’est jamais anodine : elle est à la fois mémoire, hommage et création.
Elle incarne le besoin de préserver les liens, de transcender la douleur et de transformer l’intime en œuvre d’art, inscrivant ainsi la famille dans une démarche artistique et existentielle profonde.

